Patrig MalrieuQuel a été votre parcours professionnel et extra professionnel?

Sur le plan professionnel :diplômé de l’école Estienne, j’ai fait toute ma vie professionnelle dans l’imprimerie (direction technique imprimerie de Chatelaudren puis Oberthur, responsable d’exploitation au journal Ouest-France, direction industrielle groupePublihebdos / hebdomadaires du groupe Ouest-France)

Sur le plan « culture bretonne » : principalement, j’ai fondé Dastum et en ait été le président de 1972 à 1995. J’ai passé une thèse de doctorat en études celtiques en 1998. En 2003 , j’ai été élu Président du Conseil Culturel de Bretagne , poste que j’ai quitté en 2009. Et je suis Chancelier de l’Ordre de l’Hermine depuis 2009.

Quelles sont pour vous les priorités pour la nouvelle mandature régionale ?

La concrétisation de ce que tous les partis de Bretagne disent vouloir, sans que cela se traduise dans les faits :

– une vraie dévolution pour la Bretagne, sur le modèle catalan ou gallois, sans laquelle la Bretagne continuera à stagner tant sur le plan économique et social que culturel,

– une politique généralisée, volontariste et d’urgence pour nos langues

– la réunification des 5 départements bretons

– une politique volontariste et concrète d’éducation populaire et de transmission des connaissances fondamentales relatives à la culture bretonne et de son histoire.

Quelle est votre opinion sur la précédente mandature?

La mandature présidée par JY Le Drian a apporté des progrès incontestables et qu’il faut savoir reconnaître :

– plan de politique linguistique voté à l’unanimité, et assorti de soutiens financiers accrus à l’enseignement bilingue et à la diffusion radio et télé.

– Résolution en faveur de la réunification, à l’unanimité.

– Reconnaissance institutionnelle de la culture bretonne avec la mise en place d’un nouveau Conseil Culturel de Bretagne devant jouer pour la culture bretonne le même rôle que le CESR pour l’économie et le social.

– Au fil des opportunités, valorisation de l’identité bretonne (par exemple, « Breizh touch », match Guingamp-Rennes au stade de France, contribution à organismes européens de défense des langues régionales…).

Malheureusement cette volonté affichée et essentielle est aussi restée au milieu du gué :

– l’objectif de 20 000 enfants scolarisés en classes bilingues n’a pas été atteint et la courbe de progression correspond, au mieux, à la poursuite de la courbe antérieure. Chacun sait que la Région n’a ni le pouvoir ni les moyens nécessaires pour compenser les carences (ou la volonté d’éradication) de l’Etat en matière de langues régionales. Mais, outre les aides accrues (nécessaires, nous l’avons dit plus haut), nous n’avons pas noté d’actions déterminantes vis-à-vis des pouvoirs publics et de l’administration tant en matière d’enseignement que de médias

o le non-respect par l’Académie de la Convention Etat-Région en matière d’ouverture de classes et de formation de professeurs n’a pas provoqué de conflit).

o De même, le refus ministériel de concrétiser la modification de la constitution par un loi-programme pour les langues régionales n’a pas déclenché de réaction, pas plus que la part toujours confidentielle de la culture bretonne dans les médias de service public.

o Le fait que les Régions soient majoritairement de Gauche et réunies dans une « Assemblée des Régions » n’a pas servi de levier pour compenser le mauvais vouloir de l’Etat et de ses administrations…

Ainsi, paradoxalement, de nombreuses actions, plus politiques que financières et totalement gratuites, n’ont pas été utilisées. Et pendant ce temps, la courbe des locuteurs continue à s’effondrer dramatiquement !

– Si la politique linguistique a malgré tout permis des avancées, la politique culturelle (dans les domaines autres que linguistiques) s’est focalisée sur le spectacle dans une espèce d’équation où culture = spectacle = professionnels, laissant à la traîne la dimension pratique de l’identité bretonne. Il faut bien constater qu’à périmètre égal, la « culture » a vu son budget augmenter d’environ 40% alors que la « culture bretonne » ne l’a vu progresser que de 4% (c’est-à-dire régresser en euros constants). Et le même constat peut se faire pour la politique du Livre : les aides à l’éditions n’étant plus réservées qu’au seuls éditeurs professionnels alors qu’on sait combien, dans les années passées, le secteur associatif a pu remplir un rôle essentiel en la matière. Et que dire que l’institutionnalisation du Centre régional du Livre qui conduit à sa léthargie.

La vraie richesse culturelle de la Bretagne tient au dynamisme de sa vie culturelle et associative !

– De même, la convergence d’opinion et de déclarations de la Région administrative « Bretagne » et du département de Loire-Atlantique pouvait faire espérer un changement déterminant en matière de réunification. Mais là aussi le temps passe, sans vagues… (et il est évident que la réunification ne pourra s’obtenir avec l’assentiment du Président de la Région Pays-de-Loire !)

Il ne m’appartient pas d’analyser les raisons de ces paradoxes entre « résolutions » et « actions » (blocages liés au « politiquement correct » ou à la « politique de Partis » – les appareils parisiens se moquant éperdument des langues régionales tout autant que de la réunification…. ou éternelle distorsion entre les annonces politiques des Présidents et les applications qui en sont faites par les Commissions ou les Services ?). Par contre, comment ne pas constater ces anomalies?

Donc un bilan positif par rapport aux blocages antérieurs, mais en demie teinte entre déclarations suscitant de grands espoirs et des réalisations qui ont du mal à aboutir.

Pourquoi soutenir la liste « nous te ferons Bretagne »?

– Parce que les élections régionales sont des élections à 2 tours : le 1er permet de soutenir celui qui prend le mieux en compte nos attentes et dont, s’il obtient un résultat significatif, le programme pourra influer au 2ème tour le programme des coalitions restant en lice.

– Parce que cette liste n’est inféodée à aucun parti hexagonal. On ne sait que trop que les élus bretons sont sensibles et généralement prêts à partager nos attentes (plus de pouvoir régional, respect des langues, réunification, développement de notre identité…) mais que, au niveau hexagonal, ces soucis sont totalement ignorés des appareils qui, par contre, imposent une discipline de parti… une logique où les minorités sont toujours perdantes. C’est ainsi qu’on doit voir des élus , tant à Gauche qu’à Droite, condamnés au grand écart entre leurs convictions, les mots d’ordres parisiens et les amitiés partisanes : ceci se vérifie tous les jours, et pour tous les sujets les plus importants pour la Bretagne. Pas facile d’avancer dans ces conditions ! Pour que les « grands partis » osent concrétiser une spécificité bretonne, il faut que les « petits partis» rentrant dans leurs coalitions soient forts.

La plupart des partis politiques de Bretagne disent vouloir plus de moyens et de compétences pour la Région mais on ne peut pas dire que leurs réactions aient défrayé la chronique face à ce grave danger représenté par le projet de réforme fiscale en cours qui supprimerait aux Régions toute levée d’impôt et ferait que les moyens des Régions seraient attribués par l’Etat ! Chacun peut imaginer les conséquences!

– Parce qu’elle reprend dans bon nombre de domaines, et de manière affirmée, la quasi totalité de nos attentes tant économiques que sociales ou culturelles.

Merci !

CategoryElections

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