Alors qu’en France, comme à chaque élection présidentielle, l’heure est au grand ressourcement politique, regardons objectivement pourquoi cette brusque frénésie relayée comme pain béni par les médias est trompeuse et conduira comme à chaque fois à beaucoup de désillusion en Bretagne.
La campagne qui s’annonce va à nouveau exacerber artificiellement les différences infimes entre deux camps qui partagent des visions identiques de l’organisation administrative française,dont la verticalité fait maintenant figure d’exception notable en Europe. Au nom d’un universalisme arrogant et d’une lecture déformée de l’histoire, mais aussi d’une défense corporatiste de la part d’élus protégés par leurs cumuls, toute différence entre les territoires y est niée, toute aspiration à l’émancipation immédiatement mise en procès pour hérésie.

Et pourtant! Qui peut nier que, par l’enchevêtrement incompréhensible des compétences données aux multiples strates administratives, par la rigidité de ses procédures, par sa pesante uniformité égalisatrice , par son culte à nul autre pareil des élites parisiennes, l’Etat français n’a ni l’agilité ni la souplesse d’adaptation au monde nouveau qui se dessine? Seul un profond changement de gouvernance permettra la mise en oeuvre des réformes qui ne peuvent plus être retardées du fait de la calamiteuse impéritie financière dont a fait preuve cet Etat.

Pour la Bretagne, cette question est d’importance. Comme nos amis gallois, écossais, catalans, basques nous aspirons à la dévolution et à la libre administration de notre territoire. Pourquoi? D’abord parce qu’il y a l’histoire qu’il faut sans cesse rappeler tant elle a été occultée : Le peuple breton forme une nation qui fut indépendante jusqu’au 16ème, et continua ensuite jusqu’au 18ème siècle à négocier son statut avec le pouvoir français. Parce qu’il y a aussi bien sûr notre identité constituée d’une langue, d’une culture et d’une manière qui nous est propre de faire société. Enfin il y a aujourd’hui le rapport qui s’établit entre un territoire et un monde multipolaire profondément imbriqué qui nous rend citoyens d’un grand village sans frontière. La mondialisation appelle par contrecoup un resserrement du lien au territoire.

Pourquoi en parler maintenant? La France est entrée dans un lent déclin que ses élites parisiennes soutenues par leurs affidés régionaux refusent de voir. Ils s’accrochent à un pouvoir qui leur échappe.Les caisses sont désespérément vides et vont le rester pour longtemps. L’économie se décide à Francfort,Londres ou Shanghaï, le droit, l’aménagement du territoire à Bruxelles et Strasbourg, la politique du monde à New York. Pour réductrice que puisse paraître cette formule elle exprime pourtant la dure vérité. Trop longtemps les bretons ont fait allégeance à Paris. Ce temps est révolu, il nous faut prendre nos responsabilités : En clair, nous devons dans un même combat demander la dévolution pour la Bretagne et soutenir ardemment la construction d’une Europe fédérale seule garante d’un modèle de développement social libéral auquel nous sommes attachés.

Qu’est ce que la dévolution nous permettra de faire? D’abord simplifier l’administration du territoire, donner un pouvoir clair à un parlement breton élu et surtout responsable. Choisir délibérément un mode de développement durable, soucieux de préserver notre patrimoine et notre biodiversité, faire respirer notre économie et l’appuyer sur ses piliers naturels que sont la terre et la mer, faire nos propres choix énergétiques, irriguer l’ensemble du territoire breton à l’est comme à l’ouest, aménager notre réseau de villes moyennes en équilibrant le développement métropolitain de Nantes et Rennes, construire une société aux bases plus justes fondée sur l’équité et le libre accès au savoir. Pour cela il faut une gouvernance redevenue modeste et prenant appui sur les valeurs de solidarité de la société bretonne.

Nous sommes gens de raison et savons que ce processus sera semé d’embûches mais nous devons avec force en demander la mise en chantier immédiate. Nous voulons d’abord obtenir le pouvoir réglementaire; puis, par négociation avec le parlement français, un partage du pouvoir législatif en Bretagne. Nous y sommes prêts. La Bretagne a formé assez de cadres et dispose d’assez de ressources pour assumer elle-même ses choix et ses priorités.

Aujourd’hui cette alternative, profondément inspirée par les valeurs démocratiques dont la France se veut le parangon, nous est interdite en raison du dogme de l’uniformité. Pourtant il y a urgence. Si comme une immense majorité de bretons, nous voulons éviter le vote protestataire qui se profile, il nous faire preuve de persuasion en affirmant que pour la Bretagne, il y a un autre choix que celui des extrêmes incarné aujourd’hui par Mélenchon et Le Pen.

A l’heure où les partis hexagonaux dits de gouvernement ont perdu tout crédit , nous voulons promouvoir la voie de la raison, celle d’un pouvoir rééquilibré et transféré là où il sera sous l’oeil des citoyens. Nous n’avons d’autre ambition que de permettre à nos enfants de mieux vivre en Bretagne demain.

Yves Pelle
Président du Parti Breton

CategoryElections

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