De gauche à droite : Gérard Guillemot (Secrétaire général du Parti Breton), Izaskun Bilbao Barandica  (députée européenne EAJ-PNB), Jordi Vera (Président CDC Catalogne Nord) 

Le Parti Breton a été invité comme chaque année à l’Alderdi Eguna, fête du Parti Nationaliste Basque. Cette année, deux représentants du Parti Breton étaient présents, Gérard Guillemot (Secrétaire général du Parti Breton) et Thierry Salaun (Membre du Conseil National, chargé des relations internationales). Cette invitation a donné lieu à une conférence à St Jean de Luz où nous nous sommes exprimés sur le référendum écossais.

L‘avenir de l‘Ecosse, de la Catalogne et du Pays Basque était en débat lors du dernier Lema Eguna, organisé ce samedi 27 septembre, à St Jean de Luz, à la Villa Ducontenia. L‘occasion d‘un échange de points de vue enrichissant.

Chaque territoire vit des situations assez différentes. « L’Ecosse a voté non lors du référendum sur son indépendance, le 18 septembre dernier, mais pour beaucoup de dirigeants et d’analystes, un processus est enclenché, et l’indépendance de l’Ecosse leur semble à  terme inéluctable » affirme Gérard Guillemot, le secrétaire national du Parti Breton, dans un élan de fraternité celtique. Le climat général dégage une certaine sérénité et une dédramatisation de la situation. « L’Ecosse a toujours été considérée comme une nation. Même Margaret Thatcher, qui avait adopté une ligne dure n’a pas remis en cause cette réalité historique. Par contre sa politique, conservatrice ultralibérale a attisé la revendication autonomiste dans une Ecosse beaucoup plus égalitariste.  Pendant longtemps, les Ecossais ont accepté le statu quo, notamment au XIXe siècle, en participant à la prospérité britannique, lors de l’industrialisation et de l’édification de leur empire » explique Gérard Guillemot, également historien de formation et de profession.

 « Nous rentrerons dans l’illégalité, mais nous ne savons pas quand »

Jordi Vera, le président catalan du parti CDC, en Catalogne nord regrette une situation beaucoup plus tendue en Catalogne sud.  « Notre président Artur Mas a signé aujourd’hui, le décret sur la convocation d’une consultation sur l’avenir de la Catalogne. C’est un acte grave qui nous mène au bord de la rupture démocratique si Madrid demeure toujours sourde à ce qui se produit en Catalogne ». Interrogé sur le risque d’emprunter la voie de l’illégalité, Jordi Vera a rétorqué : « face au mur madrilène, nous n’avons plus le choix. En tant que responsables politiques, nous devons canaliser ce mouvement. Nous savons que nous rentrerons dans l’illégalité, mais nous ne savons pas quand ».

Face à l’interrogation sur la tenue d’une consultation, le 09 Novembre prochain, Jordi Vera répond : « Plus de 95% des communes catalanes sont d’accord pour organiser cette consultation. Symbole de la puissance du mouvement : Badalone, la 3e ville catalane, située à la périphérie de Barcelone est dirigée par un maire du PP. Les 9 élus socialistes ont passé outre la discipline de leur Parti et ont permis la constitution d’une majorité inattendue pour l’organisation de cette consultation. Nous assistons à une recomposition politique majeure. »

« Une question de dignité catalane »

Face à l’égoïsme supposé des Catalans, Jordi Vera répond sans hésiter : « c’est d’abord une question de dignité. Depuis les restrictions apportées à notre nouveau statut, adopté, en 2006, nous avons été tellement humiliés qu’une rupture progressive avec l’Espagne, s’est réalisée dans les têtes. Bien sûr, nous pensons avoir la puissance nécessaire pour que la Catalogne soit indépendante, mais ce n’est pas l’élément essentiel déclencheur. Nous ne sommes plus dans un schéma identitaire, mais dans un mouvement civique, de personnes persuadés que le projet indépendantiste catalan sera meilleur pour leur avenir et celui de leurs enfants. Dans une télé locale, une grand-mère venue d’Andalousie non catalanophone a affirmé voter oui à l’indépendance pour ses petits-enfants catalans. C’était très émouvant ! ».

« nous restons intégrés à la mondialisation et à l’Union Européenne » 

Quant à la « fragmentation » possible en Europe, Gérard Guillemot réplique sans hésiter : « bien sûr que non, nous restons intégrés à la mondialisation et nous défendons une Europe fédérale plus unie qu’aujourd’hui. Le SNP est un Parti profondément européen. C’est une autre façon de nous relier aux autres et non de nous isoler. De plus, les responsables politiques français qui admettent le modèle centralisé français, celui qui concentre les richesses dans un espace restreint ne sont pas crédibles ».

« On n’arrête pas la crue d’une rivière »

Izaskun Bilbao Barandica, eurodéputée d’EAJ-PNB et vice-présidente de l’ALDE, le groupe des Libéraux et Démocrates au Parlement Européen a suivi avec attention les différentes interventions. « le Tribunal Constitutionnel avait déclaré l’illégalité de la loi de consultation proposée par le Lehendakari Ibarretxe, en adoptant une vision très restrictive de la Constitution. J’avoue que ce qui se déroule en Catalogne me fait un peu peur. Comment peut-on contrôler au mieux le mouvement, pour éviter toute dérive ? » Jordi Vera a répondu : « nous avons le devoir de réussir, mais il est impossible d’arrêter la vague actuelle. C’est comme la crû d’un ruisseau que l’on voudrait stopper, c’est impossible ! ».  

L’innovation au cœur du statut basque

Pour Izaskun Bilbao Barandica, la négociation d’un nouveau statut basque correspond à une période de changement politique, où « la mondialisation range des concepts dans les archives de l’histoire. L’horizon d’une Europe fédérale coïncide avec la crise du concept d’Etat-nation, mais aussi la définition du lien entre identité et citoyenneté. Nous devons innover. Nous chercherons à généraliser le système du Concierto Economico pour aboutir à un nouveau schéma de souveraineté partagée. Selon la maxime : ne pas imposer, ne pas empêcher, Euskadi traiterait d’égal à égal avec l’Etat espagnol dans le cadre d’une nation basque reconnue dans l’Union Européenne ». L’Ecosse est également selon elle, un modèle à suivre. L’accord avec le Gouvernement espagnol est privilégié, mais en cas de refus systématique, « l’Europe sera sollicitée pour intervenir en arbitre et débloquer la situation. Elle doit être la garante des mêmes droits démocratiques ».

Article du site de l’EAJ-PNV

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