Voici un extrait de la profession de foi de la liste Femu A Corsica, sur laquelle les plus « brittophones » des représentants des listes de Jean-Yves Le Drian (PS), Marc Le Fur (« Les Républicains ») et Troadec (liste composée d’actuels ou d’ex-PS, EELV, PC et UDB) se basent pour parler de consensus-modèle nécessaire aux élections régionales en Bretagne. Vous verrez que nos régionalistes sont bien loin du compte et représentent plutôt la théorie que je défends depuis le départ, vérifiable également dans l’évolution politique du Pays Basque sud: le régionalisme n’est qu’une étape qui confirmera à travers les contradictions de ses représentants le bien-fondé des valeurs que nous portons pour la souveraineté nationale. En Corse, à travers les propositions consensuelles du second tour, personne n’y a renié pour autant les principes fondamentaux de la lutte pour l’indépendance. Les indépendantistes ont gagné. On y viendra en Bretagne, puissent ces exemples accélérer le processus !
« Des générations de femmes et d’hommes ont mené, depuis des décennies, un combat quotidien pour la reconnaissance du peuple corse et de ses droits, pour la moralisation de la vie publique et la construction d’une société démocratique et émancipée.
Ces idées, hier portées par les seuls nationalistes, sont aujourd’hui partagées par une large majorité de notre communauté. Elles ont donné lieu à des délibérations capitales de l’Assemblée de Corse : votes sur la coofficialité de la langue corse, la politique foncière et le statut de résident, le statut fiscal dérogatoire et l’arrêté Miot, l’inscription de la Corse dans la Constitution, la question du rapprochement et de l’amnistie des prisonniers politiques…
Cette évolution consacre le passage d’une revendication militante à une logique de construction nationale. »
Nous ne sommes pas différents dans nos aspirations
Chez nous aussi, des générations de femmes et d’hommes se sont battues pendant des décennies pour que le peuple breton existe, que nous puissions continuer à vivre ici dans la dignité. De même, les problématiques soulevées par les Corses rejoignent celles de n’importe quel peuple en mal de souveraineté pour vivre mieux, s’épanouir économiquement, socialement et culturellement. Aux détracteurs qui justifieraient de l’insularité de la Corse ou autre situation pour attribuer une particularité corse au combat pour l’émancipation, il n’y a qu’à les renvoyer vers les revendications choisies par les électeurs corses pour constater qu’elles sont nôtres : « Les Corses sont en proie, au quotidien, à d’innombrables difficultés : chômage structurel, précarité, difficultés d’accès au foncier et au logement, baisse continue du pouvoir d’achat, fractures sociales et territoriales, difficultés des entreprises, recul de l’agriculture, perspectives incertaines pour la jeunesse… ». Le redressement de l’économie passe par « la maîtrise de nos secteurs stratégiques (énergie, eau, transports, infrastructures, déchets…). Il repose sur un modèle de développement diversifié et équilibré, en rupture avec les logiques de rente et de dépendance ». Cela passe par un territoire « capable de produire, d’investir, d’innover, de générer de nouveaux équilibres sociaux et territoriaux : l’agriculture de production, l’économie de la connaissance, les PME et TPE, l’éco-développement, le numérique, les énergies renouvelables, l’économie sociale et solidaire, la formation, la coopération euro-méditerranéenne [arc atlantique plus particulièrement pour la Bretagne, avec les pays celtiques notamment], le tourisme durable sont, parmi d’autres, des leviers de croissance et de cohésion sociale qu’il importe de concilier dans le cadre d’une stratégie globale. ». Enfin, les revendications culturelles et linguistiques sont très exactement les nôtres.
Et c’est logique puisque nous subissons la politique et les règles économiques du même Etat. Et au-delà des nations historiques dans l’hexagone, cet état de fait s’applique aussi aux régions françaises.
Enfin, les nationalistes entendent mettre fin au clientélisme et aux dérives affairistes pour s’engager sur la construction d’une véritable démocratie « La démocratie est aussi une construction quotidienne, qui doit se traduire par des pratiques politiques et sociales fondées sur la transparence, l’équité et la solidarité. En Corse, depuis des décennies, c’est trop souvent l’inverse qui prévaut : chantage à l’emploi, au logement, aux subventions et aides publiques, pressions sur les personnels des collectivités publiques, clientélisme. ». Face aux clichés entretenus sur les Corses, remettons la véritable mafia à sa place, celle qui nous dirige également en Bretagne, avec des pratiques propres aux partis politiques franco-franciliens.
Face à Paris, une seule force : l’union des peuples aux Législatives
Le pouvoir parisien ruine les territoires et gomme les repères culturels. Les psychologues et sociologues sont unanimes, en quelques décennies, le génocide culturel pratiqué par la France sur les territoires compris dans son Etat, couplé à la politique de la terre brûlée consistant à réquisitionner par tous les moyens les richesses afin de les drainer sur son centre névralgique parisien, a entraîné alcoolisme, dépendance aux drogues et suicide. Ce constat est particulièrement vrai plus on s’éloigne de Paris et que l’on soit placé en situation de périphérie européenne par la France. On dit que la Bretagne est victime de son éloignement de Paris et de sa situation péninsulaire… dirait-on de l’Angleterre qu’elle est éloignée du centre de l’Europe et victime de sa situation insulaire et périphérique de l’Europe ? Assurément non, tout est question de prise en main de son destin et de la place que nous souhaitons nous donner dans le concert des peuples européens.
Ainsi, il convient de parler d’une seule voix dans les institutions et d’y mettre un pied de manière constructive. Et je me prends à rêver d’une union des indépendantistes corses, basques, catalans, flamands, martiniquais, bretons… pour l’autodétermination de nos nations et pour la construction d’une autre Europe que celle que nous connaissons, loin de impérialismes économiques imposés à travers le monde et de la désunion programmée par les anciens « Etats-nations », voire du chaos comme au Proche-Orient. Il s’agirait d’une Europe regroupant de vraies entités historiques et culturelles, unie sous ses 100 drapeaux, prônant des solidarités dans des territoires à échelle humaine.
L’objectif d’une force unique des nationalistes, des autonomistes aux indépendantistes – et pourquoi pas des régionalistes des territoires historiquement et anciennement français ? – pour les élections législatives est atteignable. Chaque parti ayant présenté des candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions se voit attribuer une fraction de l’aide publique prévue, au prorata du nombre de suffrages de ses candidats.
La balle est dans notre camp d’ici 2017 et il n’est jamais trop tôt pour nous préparer.
Bertrand Deléon.