Les résultats électoraux récents traduisent un malaise profond et croissant au sein de la société française. Toutes les forces politiques qui ont participé à la gestion du pays et de ses territoires depuis 1973 sont concernées comme co-acteurs de cette situation.

La discussion est ouverte dans un contexte stressant en attendant des ruptures draconiennes.

Il est clair qu’avec les réformes territoriales, on s’achemine vers la fin de « la politique à l’ancienne à la française ». Ce sera l’occasion de faire émerger de « véritables entrepreneurs politiques ». Cf. le jeune leader de la gauche italienne.

On s’achemine vers aussi la fin du concept que « gouverner c’est dépenser, avec des financements basés sur des subventions publiques » !! Ce sera dorénavant l’exception et non plus la norme.

Séquence 1 :

Les difficultés spécifiques de conduire des Réformes en France – selon le point de vue d’Alain Fabre, analyste dans la revue Sociétal – mars 2014 (article intitulé « Le Pacte absolutiste français : réforme impossible, rémission improbable »). (voir son site)

1- Introduction

La France est « un pays capable de faire de temps en temps une révolution mais jamais de réformes » – Raymond Aron

Cette exception à la française a des racines profondes. L’absolutisme de l’Ancien Régime refondé par la Vème République … Mais aujourd’hui, on assiste à un absolutisme politique d’Ancien Régime enraciné sur la garantie des rentes sociales, celles du grand nombre aujourd’hui qui ont remplacé celles du petit nombre d’autrefois.

C’est ce que l’analyste Alain Fabre appelle «Le Pacte absolutiste français ». Il ajoute « La France donne l’image d’un pays redoutant par-dessus tout, sauf à la marge les réformes qui la conduirait à reconsidérer son pacte social ».

Notre pays ne sait finalement plus s’il doit se barricader derrière une ligne Maginot qui lui éviterait de changer, ou au contraire s’élancer dans des réformes dont les effets lui échapperaient.
En attendant, loin d’être un amortisseur, le temps ne fait qu’augmenter la pression sur le modèle social français, et s’accentue un peu plus chaque jour le délitement de son économie, comme l’explosion du chômage de masse.

2- L’équivoque des réformes

« Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise » – Jean Monnet

Les réformes ont des coûts immédiats et identifiables pour des gains futurs diffus.
En effet :
Les réformes apportent des inconvénients et des avantages et on suppose les gains supérieurs aux coûts du maintien des situations existantes. Les coûts sont immédiats à l’inverse des gains. Les perdants disposent de moyens pour les entraver et les gagnants peinent à se mobiliser.
Faut-il des réformes graduelles ou des réformes radicales ? Par exemple, pour les réformes des retraites demain, que faut-il privilégier ? Il faut savoir que tous les pays européens sont dans l’obligation de réformer les systèmes de l’après-guerre. Cependant, les contextes sont plus ou moins favorables à l’acceptation des réformes. Ainsi, les périodes de croissance sont favorables en principe, et inversement en période de crise, période qui pourtant accélère le besoin de réforme !!

3- Réformes et auto gouvernement de la Société

Voir les réussites comparatives des processus de réformes dans les pays de l’Europe du Nord, à la différence de l’Europe du Sud (exemple : les réformes de Thatcher, de Schröder ou Merkel).

Regardons l’exception française, son inaptitude aux réformes. En France, les réformes d’ampleur sont peu nombreuses, et c’est le gradualisme qui est de mise, après des longues périodes de report indéfini des réformes d’envergure, dites déchirantes.
A priori la France appartient au groupe des pays incapables de réformer, en partant de l’intérieur, son système politique et social.
Les réformes françaises semblent souvent timorées, intervenant quand toutes les autres échappatoires sont épuisées avec des retours en arrière, privilégiant la restauration du statu quo antérieur.
Notons bien sûr des capacités historiques de réformes en France, autour « d’Hommes providentiels », tels Henri IV, Bonaparte, Charles de Gaulle, qui ont entrepris des réformes qu’on pourrait qualifier de « ruptures révolutionnaires ».

4- La France : un système politique d’Ancien Régime
Caractérisée par « Le pacte entre l’absolutisme politique et les rentes sociales »

A la différence des régimes politiques des pays voisins de nature authentiquement parlementaires (ne pas oublier que la France a connu ce genre de régimes lors des expériences des IIIe et IVème Républiques), le régime de la Vème République conçu sous l’égide du Général de Gaulle est une synthèse entre les traditions révolutionnaires et l’Ancien Régime, centrée sur la Présidentialisation. Le suffrage universel à partir de 1962 a créé une sorte de Monarchie républicaine élective limitée, la limite étant le Parlement.

Aucun exécutif en Europe Occidentale et aux USA ne dispose d’un tel pouvoir … A l’âge démocratique, la France n’est pas le pays qui a aboli les privilèges, mais celui qui les a rendus possibles à tous.

En fait, c’est l’impossibilité de remettre en cause les rentes sociales, qui ferment les voies aux réformes. La Ve République des années 2000 comme l’Ancien Régime finissant n’est plus apte à vouloir et à pouvoir faire des réformes, dont l’objet serait précisément la remise en cause des rentes sociales. F. Hollande se trouve confronté au même dilemme que le Roi Louis XVI entre 1780 et 1790. Ou renoncer aux réformes et accélérer le risque de faillite financière. Ou entreprendre des réformes, rompre le pacte absolutiste et entrer en conflit avec les bénéficiaires des rentes.

En France les bénéficiaires des rentes sociales représenteraient 66 % des suffrages potentiels. Parmi eux, on trouve : Les fonctionnaires au sens large, 25 % de la population active contre 10 % en Allemagne. Les secteurs protégés par des statuts : santé et social, avec des progressions de carrière régis par des ordres professionnels protecteurs conçus sous le gouvernement de Vichy.
Le secteur social : retraites, chômeurs. Le secteur syndical.

L’ajustement budgétaire via l’impôt repose sur les catégories qui ont peu de prise directe sur le pouvoir politique comme la paysannerie sous l’Ancien Régime. Aujourd’hui la France est exposée à tous les risques de l’économie concurrentielle de plus en plus ouverte (entrepreneurs et salariés) et le secteur marchand attend des réformes.

Quelles limites sans réformes ? Cette question est à l’ordre du jour. La liquidation du système productif connait depuis 2010-2011 une nouvelle phase d’accélération. L’économie paraît en voie d’effondrement sous le poids d’un modèle paralysé entre sa réforme impossible et sa rémission improbable en l’état.

Dans ce dernier cas, le risque d’un sort semblable à celui de l’Ancien Régime gagnera en probabilité. Dans ce second cas, les séismes politiques à venir seront plus profonds et certainement plus violents que celui des dernières élections Européennes !

  • Annexe : Le Philosophe français Jean Pol Droit évoque le désarroi de la Société française. Il mentionne :

 1- Des qualités qui brillent aujourd’hui par leur absence
-Le courage
-L’énergie
-L’audace
-L’opiniâtreté
-La cohérence

Ou bien encore :
-l’élan
-L’espérance
-La cohésion

2- Ce qu’on observe sur le plan politique:

L’opposition gaspille son énergie en déchirements internes
Le pouvoir s’ingénie à aller dans le mur, que ce soit tout droit ou par des détours
Le peuple s’exaspère et doute
Une carence absolue d’enthousiasme partagée par la majorité

3- Des micro enthousiasmes éphémères:
Le football
Une micro chaine de solidarité, par ex. pour les maladies
Toutes sortes de passions éphémères créatrices sans suite

L’enthousiasme a perdu sa dimension collective.

4- On a oublié que l’univers premier de l’enthousiasme, c’est un dépassement de soi, et la transgression des limites, grâce à une force qui nous dépasse.
Tous les « mythes » de l’inspiration créatrice viennent de là.
L’enthousiasme = la ferveur, le dépassement de soi
Ce qui manque surtout :
C’est l’enthousiasme tourné vers l’avenir
-L’horizon à construire
-Un enthousiasme actif mobilisant les énergies avec une part de rêves
-Une part de rêves suffisamment puissante pour métamorphoser le réel.

En résumé de cette introduction :
Un profond nettoyage
– De nos certitudes
– De nos évidences
– De nos refus de percevoir
– De nos refus d’assumer
– De nos fausses sécurités

Est devenu une nécessité absolue pour les responsables français à tous les niveaux.
Et l’horloge s’accélère !!

2ème Séquence : Une planète en pleine recomposition et potentiellement instable

Sept rappels sont nécessaires :

1- Une géographie productive qui va avoir quelques ressemblances avec celle du 13ème siècle

 -Prédominance de l’Asie méridionale et orientale
-L’Océan Indien, cœur des échanges commerciaux avec un petit appendice en Méditerranée
-L’Europe occidentale, acteur périphérique

L’ère de la suprématie ouest Européenne appartient au passé après avoir eu son apogée vers 1900. L’Asie Pacifique est en pleine ascension. En 2014 le PIB Chinois dépasserait le PIB US.

Quel avenir pour l’Europe dans cette planète interconnectée ?
Une certitude : dans cette phase de redistribution accélérée des cartes, les compétiteurs intègrent de plus en plus des moyens de pression non violents et toute attitude angélique est ruineuse.
Dans cette compétition qui s’amplifie, la France donne l’allure de vivre « une nouvelle étrange défaite » en reprenant la formule du célèbre historien Marc Bloch, qui analysait la catastrophe de Juin 1940. Il y a quelques analogies entre 1940 et 2014. Lisez l’article d’Eric Le Boucher, éditorialiste économique des « Echos », (voir son site)

2- La vitesse accrue des transactions et des transformations. On assiste à une véritable quasi guerre de mouvement.

Cette situation s’accentue avec la pulvérisation des messages liés aux révolutions numériques et les difficultés croissantes des interprétations.
Anticiper, éviter toute surprise majeure, exploiter avant la concurrence une nouvelle opportunité, devient de plus en plus difficile. C’est un effort permanent sans relâche, jamais achevé. C’est un contexte où « il faut laisser le sommeil profond pour la tombe » (Extrait d’un proverbe persan du 11ème siècle).

Les capacités de vigilance et de pro activité sont deux facteurs déterminants de la compétition. Ajoutons une autre évidence qui est la nécessité de comprendre les logiciels de décision des cultures de ses partenaires étrangers.
Ainsi, la monoculture n’est plus appropriée dans ce monde interconnecté.

3- L’accélération de la diffusion de la 3ème Révolution industrielle, qui concerne l’ensemble des activités productives des biens et services, y compris le vivant et les problèmes de santé.

Un point spécifique par rapport aux deux révolutions industrielles précédentes est la réduction de « l’effet dit de déversoir ». Les deux premières révolutions industrielles ont détruit des emplois, mais aussi en ont créés d’autres. Avec la 3ème Révolution industrielle, cet effet déversoir semble limité, d’où une grave crise de l’emploi qui va ébranler les classes moyennes. D’où la montée d’une angoisse dans les familles concernées, qui s’ajoute à d’autres angoisses concernant l’avenir des enfants et petits enfants, accrus par le délitement croissant de l’école (au moins perçu tel quel par la majorité des parents). Les déconnexions formations et emplois sont plus que jamais d’actualité, traduisant souvent la propension à l’immobilité des institutions éducatives.

4- Le nouveau poids démographique de la planète, et les tensions sur des ressources limitées (eau, alimentation, énergie, minerais divers).

Force est de constater les dérèglements climatiques amenant avec certitude des hausses inévitables des prix de l’énergie. Aucun territoire ne peut échapper à des remises en cause dans ces domaines. Mais le tout est de savoir quand ?

5- Sur le plan démographique, on assiste à un allongement continu de l’espérance de vie, et la gestion des problèmes du vieillissement.

Voir ainsi la gestion différente des services médicaux et des nouvelles technologies médicales. L’Etat social hérité du pacte de 1945 conçu par le Conseil National de la Résistance n’est plus viable sur le plan économique. Il a le mérite d’exister mais il est à bout de souffle. (Vieillissement, chômage de masse, et coût des retraites). D’après les travaux du Conseil d’analyse stratégique, le niveau de vie des retraités devraient commencer à baisser à partir de 2020.

6- Les dislocations territoriales

Nous retiendrons deux phénomènes : Les Continuités relationnelles sont bouleversées par le développement de sociétés sites d’archipel. On ne connait plus ses voisins, on concentre ses relations avec le similaire ou le complémentaire, souvent très éloignés. Les Communautés locales de voisinage s’effritent entrainant une dévitalisation des micro territoires ruraux ou mêmes urbains.
Une manifestation plus récente d’un autre phénomène est apparue en Bretagne lors des projets de restructuration des Régions : c’est la coalition des « grandes villes », appelée métropoles ou prétendues telles, contre le point de vue du Conseil Régional reflétant l’ensemble du Territoire.
N’est-ce pas l’amorce d’une crise et de fractures plus profondes ?

7- La montée des insécurités et incivilités dans les sociétés post modernes qui s’ajoutent au développement des réseaux de prédation des ressources

L’activité des réseaux issus de l’Europe de l’Est et surtout du Sud Est remet à l’ordre du jour les problèmes de sécurité que l’on croyait résolus.

En résumé, cette liste de problèmes nouveaux n’est pas exhaustive, mais elle propose des éléments à intégrer dans le nouvel Environnement dit contextuel, auquel les entreprises doivent s’adapter. Nous pensons que la paupérisation d’une majorité de la population va constituer un contexte moins favorable aux imprégnations post modernes, hyper individualisme, relativisme, nihilisme, etc. Mais il faudra au moins une bonne génération sinon plus, pour percevoir ces changements.

Annexe :
Propos prémonitoires de Victor Hugo, extraits de son discours inaugural au Congrès de la paix du 21 Août 1849 à Paris.
« Nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux, qui ait encore entraîné les peuples. A l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle ».

A propos de la réforme des institutions territoriales en 1790, instituant les 83 Départements, nommés en fonction de critères de géographie physique (cours d’eau, reliefs, mers ou océans), au mépris des noms historiques, Mirabeau fit cette réflexion : « Je sais bien qu’on ne couperait ni les maisons, ni les clochers, mais on trancherait tous les liens qui resserrent depuis si longtemps, les mœurs, les habitudes, les productions et le langage ».

3ème Séquence : Quels avenirs pour les Territoires de Bretagne ?

1- Rappels historiques

Depuis la Révolution française, il s’agit d’un problème récurent. En 1790 il a été décidé de faire « table rase » du passé et de substituer les critères de la géographie physique (Cours d’eau, reliefs, mers ou océans) aux critères historiques pluriséculaires. Ainsi la Bretagne a disparu au profit de 5 départements, un seul ayant une dénomination bretonne, ce qui était déjà un miracle.

Cette transformation brutale et radicale avait choqué quelques contemporains, dont Mirabeau et surtout Edmond Burke, philosophe irlandais, témoin des excès des révolutionnaires. Ce dernier s’exprime ainsi : « C’est la première fois que l’on voit des hommes mettre en morceaux leur patrie de manière aussi barbare ». Aujourd’hui, il s’agit de concevoir des systèmes d’organisations territoriales favorables aux dynamismes économiques et sociétaux : Atteindre des tailles minimales d’efficacité à tous les niveaux, respecter les mémoires historiques, et les logiques économiques induits par la globalisation des échanges.

2- Une donnée de l’observation

A l’échelle de la planète concurrentielle, les espaces les plus prospères ou du moins parmi les plus prospères sont en fait des petites économies ouvertes sur les réseaux internationaux. Par ex. le Danemark, la Flandre Belge, les Pays Bas, le Triveneto italien, Singapour, Taiwan, la Bavière, le Bad Wurtemberg.
Au National Bureau of Economic Research (NBER ,USA), il existe des travaux originaux sur cette question. Dans notre esprit, l’organisation territoriale souhaitable serait celle qui favoriserait l’émergence en France des petites économies compétitives au niveau de nos territoires. Ces territoires seraient des sujets actifs et non plus des espaces passifs entretenus via des revenus de transferts. Il serait souhaitable que l’organisation interne des territoires actifs soit aussi variée que possible suivant les cas afin de valoriser toutes les spécificités de chaque territoire. On s’éloignerait radicalement de la standardisation Jacobine, réductrice des dynamismes locaux.

3- Préparons l’ère post départementale de 1790

– qui devrait être marquée par une coexistence des villes métropoles ou intermédiaires avec de futures Fédérations ou Union de Communes, ou plutôt d’Intercommunalités, rassemblant les territoires à dominante plutôt rurale. Dans cette vision, les Bretons devraient s’inspirer de l’expérience des Suisses dans la gestion de leur territoire où aucune portion du territoire n’est abandonnée. Les espaces vides risquent de devenir des ilots hors la loi. Il serait souhaitable que chaque Région puisse dorénavant modeler sa structure interne en pleine autonomie. L’ère des organisations standards doit s’achever. De ce point de vue, le projet de J.J. Urvoas de créer une Assemblée de Bretagne est une première avancée favorable à cette rénovation.

Pour réussir de telles transformations dans des délais raisonnables, il faudrait au préalable une remise en cause des pouvoirs au sommet de la pyramide.
Nous vous livrons la perception de Michel Peraldi, ancien sous-préfet, auteur de l’ouvrage « Ils ont volé la décentralisation » – Ed L’Harmattan 2013 : « Une vraie décentralisation régionale ne peut être que couplée à une réforme du Corporatisme d’Etat. Il faudrait pour cela avoir du courage de s’attaquer à ce corporatisme d’Etat et aux vraies rigidités, qui bloquent la société française. Ces rigidités qui partent de la main mise des grands Corps de l’Etat sur la République et la finance française pour descendre jusqu’à « l’abracadabrantesque ». (interview dans « Monde » du 10 Juin 2014) et (voir son site)

4- Les recompositions territoriales et la remise en cause des transferts financiers inter-territoires

–ce qui correspond aux quatre France, idée exprimée dans l’ouvrage de Laurent Davezies, La crise qui vient : La nouvelle fracture territoriale – Ed. du Seuil – Octobre 2012
Extraits de l’introduction : « La crise révèle et aggrave, et fait exploser plusieurs formes d’inégalités territoriales. Elle a véritablement fracturé le pays ». Ainsi Quatre France prennent forme sous nos yeux :

  1. La France productive, marchande, et dynamique, concentrée dans les plus grandes villes où se forgent les nouveaux atouts de la compétitivité du pays
    (36 % de la population).
    2) La France non productive, non marchande et pourtant dynamique, située à l’ouest d’une ligne Cherbourg – Nice, qui vit d’une combinaison :
    -De tourisme
    -De retraités
    -De salaires publics
    (44 % de la population)
    3) La France productive, marchande, en difficulté, composée de bassins plus industriels déprimés, principalement dans la partie nord du pays, dont le déclin semble difficile à enrayer
    (8 % de la population)
    4) La France non productive, non marchande et en difficulté, faite de territoires frappés par le déclin industriel et qui dépendent des injections de revenus sociaux.
    (12 % de la population)

Cette analyse de terrain met à jour des lignes de fracture territoriale, mais aussi elle révèle que la France est à la veille d’un nouveau choc, autrement plus brutal que les anciens … Durant les crises antérieures, les amortisseurs (transferts financiers) étaient plus forts que les chocs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’assèchement des finances publiques, les territoires sont et seront de moins en moins protégés » C’est dans ce contexte que vous devez explorer le futur du Bas Léon.

Quelques interrogations :
1) Comment étudier un projet de zone franche sur la partie occidentale de la Bretagne avec une dimension maritime ? Ce qui signifierait quel avenir industrialo-portuaire pour Brest ?
2) Comment passer d’une Communauté de Communes axée sur le Cadre de vie à une structure plus large de développement d’activités productives, vous rapprochant de Roscoff. Le tout, piloté par des entrepreneurs politiques ?
3) Comment importer des projets technologiques innovants même de petite taille, afin que les jeunes talents bien formés puissent trouver des emplois ?
4) Vous devez être dignes de vos ancêtres, grands marchands, et redevenez un territoire productif et marchand.
Ce qui manque actuellement en Bretagne occidentale, ce sont « les nouveaux grands marchands bien insérés dans la mondialisation », ce qui entraînerait le nouveau développement productif.

Il s’agit d’identifier les potentiels, de les initier aux règles de base de la nouvelle phase de la compétition globale qui arrive …
Cet objectif sera la finalité principale du futur Institut Supérieur du Leadership entrepreneurial de Bretagne, que nous essayons de promouvoir, dans le cadre d’un partenariat international.
L’Institut et Erispoë créé en coopération et avec le soutien de Patrick Le Lay, devraient éveiller les talents insoupçonnés de nos jeunes diplômés de l’Enseignement Supérieur.

Ce texte a servi de base à une Conférence à la Communauté de Communes du Pays de l’Iroise, le 21 Mai 2014

Analyse de la situation de la France et perspectives pour la Bretagne

Source : Joseph Le Bihan

Porte-parole:Joseph Le Bihan

Publié le 6/08/14 14:40

[Locarn] —Les résultats électoraux récents traduisent un malaise profond et croissant au sein de la société française. Toutes les forces politiques qui ont participé à la gestion du pays et de ses territoires depuis 1973 sont concernées comme co-acteurs de cette situation.

La discussion est ouverte dans un contexte stressant en attendant des ruptures draconiennes.

Il est clair qu’avec les réformes territoriales, on s’achemine vers la fin de « la politique à l’ancienne à la française ». Ce sera l’occasion de faire émerger de « véritables entrepreneurs politiques ». Cf. le jeune leader de la gauche italienne.
On s’achemine vers aussi la fin du concept que « gouverner c’est dépenser, avec des financements basés sur des subventions publiques » !! Ce sera dorénavant l’exception et non plus la norme.

Séquence 1 :

Les difficultés spécifiques de conduire des Réformes en France – selon le point de vue d’Alain Fabre, analyste dans la revue Sociétal – mars 2014 (article intitulé « Le Pacte absolutiste français : réforme impossible, rémission improbable »). (voir son site)

1- Introduction

 La France est « un pays capable de faire de temps en temps une révolution mais jamais de réformes » – Raymond Aron
Cette exception à la française a des racines profondes. L’absolutisme de l’Ancien Régime refondé par la Vème République … Mais aujourd’hui, on assiste à un absolutisme politique d’Ancien Régime enraciné sur la garantie des rentes sociales, celles du grand nombre aujourd’hui qui ont remplacé celles du petit nombre d’autrefois.

C’est ce que l’analyste Alain Fabre appelle «Le Pacte absolutiste français ». Il ajoute « La France donne l’image d’un pays redoutant par-dessus tout, sauf à la marge les réformes qui la conduirait à reconsidérer son pacte social ».
Notre pays ne sait finalement plus s’il doit se barricader derrière une ligne Maginot qui lui éviterait de changer, ou au contraire s’élancer dans des réformes dont les effets lui échapperaient.
En attendant, loin d’être un amortisseur, le temps ne fait qu’augmenter la pression sur le modèle social français, et s’accentue un peu plus chaque jour le délitement de son économie, comme l’explosion du chômage de masse.

2- L’équivoque des réformes

« Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise » – Jean Monnet

Les réformes ont des coûts immédiats et identifiables pour des gains futurs diffus.
En effet :
Les réformes apportent des inconvénients et des avantages et on suppose les gains supérieurs aux coûts du maintien des situations existantes. Les coûts sont immédiats à l’inverse des gains. Les perdants disposent de moyens pour les entraver et les gagnants peinent à se mobiliser.
Faut-il des réformes graduelles ou des réformes radicales ? Par exemple, pour les réformes des retraites demain, que faut-il privilégier ? Il faut savoir que tous les pays européens sont dans l’obligation de réformer les systèmes de l’après-guerre. Cependant, les contextes sont plus ou moins favorables à l’acceptation des réformes. Ainsi, les périodes de croissance sont favorables en principe, et inversement en période de crise, période qui pourtant accélère le besoin de réforme !!

3- Réformes et auto gouvernement de la Société

Voir les réussites comparatives des processus de réformes dans les pays de l’Europe du Nord, à la différence de l’Europe du Sud (exemple : les réformes de Thatcher, de Schröder ou Merkel).

Regardons l’exception française, son inaptitude aux réformes. En France, les réformes d’ampleur sont peu nombreuses, et c’est le gradualisme qui est de mise, après des longues périodes de report indéfini des réformes d’envergure, dites déchirantes.
A priori la France appartient au groupe des pays incapables de réformer, en partant de l’intérieur, son système politique et social.
Les réformes françaises semblent souvent timorées, intervenant quand toutes les autres échappatoires sont épuisées avec des retours en arrière, privilégiant la restauration du statu quo antérieur.
Notons bien sûr des capacités historiques de réformes en France, autour « d’Hommes providentiels », tels Henri IV, Bonaparte, Charles de Gaulle, qui ont entrepris des réformes qu’on pourrait qualifier de « ruptures révolutionnaires ».

4- La France : un système politique d’Ancien Régime
Caractérisée par « Le pacte entre l’absolutisme politique et les rentes sociales »

A la différence des régimes politiques des pays voisins de nature authentiquement parlementaires (ne pas oublier que la France a connu ce genre de régimes lors des expériences des IIIe et IVème Républiques), le régime de la Vème République conçu sous l’égide du Général de Gaulle est une synthèse entre les traditions révolutionnaires et l’Ancien Régime, centrée sur la Présidentialisation. Le suffrage universel à partir de 1962 a créé une sorte de Monarchie républicaine élective limitée, la limite étant le Parlement.

Aucun exécutif en Europe Occidentale et aux USA ne dispose d’un tel pouvoir … A l’âge démocratique, la France n’est pas le pays qui a aboli les privilèges, mais celui qui les a rendus possibles à tous.

En fait, c’est l’impossibilité de remettre en cause les rentes sociales, qui ferment les voies aux réformes. La Ve République des années 2000 comme l’Ancien Régime finissant n’est plus apte à vouloir et à pouvoir faire des réformes, dont l’objet serait précisément la remise en cause des rentes sociales. F. Hollande se trouve confronté au même dilemme que le Roi Louis XVI entre 1780 et 1790. Ou renoncer aux réformes et accélérer le risque de faillite financière. Ou entreprendre des réformes, rompre le pacte absolutiste et entrer en conflit avec les bénéficiaires des rentes.

En France les bénéficiaires des rentes sociales représenteraient 66 % des suffrages potentiels. Parmi eux, on trouve : Les fonctionnaires au sens large, 25 % de la population active contre 10 % en Allemagne. Les secteurs protégés par des statuts : santé et social, avec des progressions de carrière régis par des ordres professionnels protecteurs conçus sous le gouvernement de Vichy.
Le secteur social : retraites, chômeurs. Le secteur syndical.

L’ajustement budgétaire via l’impôt repose sur les catégories qui ont peu de prise directe sur le pouvoir politique comme la paysannerie sous l’Ancien Régime. Aujourd’hui la France est exposée à tous les risques de l’économie concurrentielle de plus en plus ouverte (entrepreneurs et salariés) et le secteur marchand attend des réformes.

Quelles limites sans réformes ? Cette question est à l’ordre du jour. La liquidation du système productif connait depuis 2010-2011 une nouvelle phase d’accélération. L’économie paraît en voie d’effondrement sous le poids d’un modèle paralysé entre sa réforme impossible et sa rémission improbable en l’état.

Dans ce dernier cas, le risque d’un sort semblable à celui de l’Ancien Régime gagnera en probabilité. Dans ce second cas, les séismes politiques à venir seront plus profonds et certainement plus violents que celui des dernières élections Européennes !

  • Annexe : Le Philosophe français Jean Pol Droit évoque le désarroi de la Société française. Il mentionne :
    1- Des qualités qui brillent aujourd’hui par leur absence
    -Le courage
    -L’énergie
    -L’audace
    -L’opiniâtreté
    -La cohérence

Ou bien encore :
-l’élan
-L’espérance
-La cohésion

2- Ce qu’on observe sur le plan politique :
L’opposition gaspille son énergie en déchirements internes
Le pouvoir s’ingénie à aller dans le mur, que ce soit tout droit ou par des détours
Le peuple s’exaspère et doute
Une carence absolue d’enthousiasme partagée par la majorité

3- Des micro enthousiasmes éphémères
Le football
Une micro chaine de solidarité, par ex. pour les maladies
Toutes sortes de passions éphémères créatrices sans suite

L’enthousiasme a perdu sa dimension collective.

4- On a oublié que l’univers premier de l’enthousiasme, c’est un dépassement de soi, et la transgression des limites, grâce à une force qui nous dépasse.
Tous les « mythes » de l’inspiration créatrice viennent de là.
L’enthousiasme = la ferveur, le dépassement de soi
Ce qui manque surtout :
C’est l’enthousiasme tourné vers l’avenir
-L’horizon à construire
-Un enthousiasme actif mobilisant les énergies avec une part de rêves
-Une part de rêves suffisamment puissante pour métamorphoser le réel.

En résumé de cette introduction :
Un profond nettoyage
– De nos certitudes
– De nos évidences
– De nos refus de percevoir
– De nos refus d’assumer
– De nos fausses sécurités

Est devenu une nécessité absolue pour les responsables français à tous les niveaux.
Et l’horloge s’accélère !!

2ème Séquence : Une planète en pleine recomposition et potentiellement instable

Sept rappels sont nécessaires :

1- Une géographie productive qui va avoir quelques ressemblances avec celle du 13ème siècle

-Prédominance de l’Asie méridionale et orientale
-L’Océan Indien, cœur des échanges commerciaux avec un petit appendice en Méditerranée
-L’Europe occidentale, acteur périphérique

L’ère de la suprématie ouest Européenne appartient au passé après avoir eu son apogée vers 1900. L’Asie Pacifique est en pleine ascension. En 2014 le PIB Chinois dépasserait le PIB US.

Quel avenir pour l’Europe dans cette planète interconnectée ?
Une certitude : dans cette phase de redistribution accélérée des cartes, les compétiteurs intègrent de plus en plus des moyens de pression non violents et toute attitude angélique est ruineuse.
Dans cette compétition qui s’amplifie, la France donne l’allure de vivre « une nouvelle étrange défaite » en reprenant la formule du célèbre historien Marc Bloch, qui analysait la catastrophe de Juin 1940. Il y a quelques analogies entre 1940 et 2014. Lisez l’article d’Eric Le Boucher, éditorialiste économique des « Echos », (voir son site)

2- La vitesse accrue des transactions et des transformations. On assiste à une véritable quasi guerre de mouvement.

Cette situation s’accentue avec la pulvérisation des messages liés aux révolutions numériques et les difficultés croissantes des interprétations.
Anticiper, éviter toute surprise majeure, exploiter avant la concurrence une nouvelle opportunité, devient de plus en plus difficile. C’est un effort permanent sans relâche, jamais achevé. C’est un contexte où « il faut laisser le sommeil profond pour la tombe » (Extrait d’un proverbe persan du 11ème siècle).

Les capacités de vigilance et de pro activité sont deux facteurs déterminants de la compétition. Ajoutons une autre évidence qui est la nécessité de comprendre les logiciels de décision des cultures de ses partenaires étrangers.
Ainsi, la monoculture n’est plus appropriée dans ce monde interconnecté.

3- L’accélération de la diffusion de la 3ème Révolution industrielle, qui concerne l’ensemble des activités productives des biens et services, y compris le vivant et les problèmes de santé.

Un point spécifique par rapport aux deux révolutions industrielles précédentes est la réduction de « l’effet dit de déversoir ». Les deux premières révolutions industrielles ont détruit des emplois, mais aussi en ont créés d’autres. Avec la 3ème Révolution industrielle, cet effet déversoir semble limité, d’où une grave crise de l’emploi qui va ébranler les classes moyennes. D’où la montée d’une angoisse dans les familles concernées, qui s’ajoute à d’autres angoisses concernant l’avenir des enfants et petits enfants, accrus par le délitement croissant de l’école (au moins perçu tel quel par la majorité des parents). Les déconnexions formations et emplois sont plus que jamais d’actualité, traduisant souvent la propension à l’immobilité des institutions éducatives.

4- Le nouveau poids démographique de la planète, et les tensions sur des ressources limitées (eau, alimentation, énergie, minerais divers).

Force est de constater les dérèglements climatiques amenant avec certitude des hausses inévitables des prix de l’énergie. Aucun territoire ne peut échapper à des remises en cause dans ces domaines. Mais le tout est de savoir quand ?

5- Sur le plan démographique, on assiste à un allongement continu de l’espérance de vie, et la gestion des problèmes du vieillissement.

Voir ainsi la gestion différente des services médicaux et des nouvelles technologies médicales. L’Etat social hérité du pacte de 1945 conçu par le Conseil National de la Résistance n’est plus viable sur le plan économique. Il a le mérite d’exister mais il est à bout de souffle. (Vieillissement, chômage de masse, et coût des retraites). D’après les travaux du Conseil d’analyse stratégique, le niveau de vie des retraités devraient commencer à baisser à partir de 2020.

6- Les dislocations territoriales

Nous retiendrons deux phénomènes : Les Continuités relationnelles sont bouleversées par le développement de sociétés sites d’archipel. On ne connait plus ses voisins, on concentre ses relations avec le similaire ou le complémentaire, souvent très éloignés. Les Communautés locales de voisinage s’effritent entrainant une dévitalisation des micro territoires ruraux ou mêmes urbains.
Une manifestation plus récente d’un autre phénomène est apparue en Bretagne lors des projets de restructuration des Régions : c’est la coalition des « grandes villes », appelée métropoles ou prétendues telles, contre le point de vue du Conseil Régional reflétant l’ensemble du Territoire.
N’est-ce pas l’amorce d’une crise et de fractures plus profondes ?

7- La montée des insécurités et incivilités dans les sociétés post modernes qui s’ajoutent au développement des réseaux de prédation des ressources

L’activité des réseaux issus de l’Europe de l’Est et surtout du Sud Est remet à l’ordre du jour les problèmes de sécurité que l’on croyait résolus.

En résumé, cette liste de problèmes nouveaux n’est pas exhaustive, mais elle propose des éléments à intégrer dans le nouvel Environnement dit contextuel, auquel les entreprises doivent s’adapter. Nous pensons que la paupérisation d’une majorité de la population va constituer un contexte moins favorable aux imprégnations post modernes, hyper individualisme, relativisme, nihilisme, etc. Mais il faudra au moins une bonne génération sinon plus, pour percevoir ces changements.

Annexe :
Propos prémonitoires de Victor Hugo, extraits de son discours inaugural au Congrès de la paix du 21 Août 1849 à Paris.
« Nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux, qui ait encore entraîné les peuples. A l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle ».

A propos de la réforme des institutions territoriales en 1790, instituant les 83 Départements, nommés en fonction de critères de géographie physique (cours d’eau, reliefs, mers ou océans), au mépris des noms historiques, Mirabeau fit cette réflexion : « Je sais bien qu’on ne couperait ni les maisons, ni les clochers, mais on trancherait tous les liens qui resserrent depuis si longtemps, les mœurs, les habitudes, les productions et le langage ».

3ème Séquence : Quels avenirs pour les Territoires de Bretagne ?

1- Rappels historiques

Depuis la Révolution française, il s’agit d’un problème récurent. En 1790 il a été décidé de faire « table rase » du passé et de substituer les critères de la géographie physique (Cours d’eau, reliefs, mers ou océans) aux critères historiques pluriséculaires. Ainsi la Bretagne a disparu au profit de 5 départements, un seul ayant une dénomination bretonne, ce qui était déjà un miracle.

Cette transformation brutale et radicale avait choqué quelques contemporains, dont Mirabeau et surtout Edmond Burke, philosophe irlandais, témoin des excès des révolutionnaires. Ce dernier s’exprime ainsi : « C’est la première fois que l’on voit des hommes mettre en morceaux leur patrie de manière aussi barbare ». Aujourd’hui, il s’agit de concevoir des systèmes d’organisations territoriales favorables aux dynamismes économiques et sociétaux : Atteindre des tailles minimales d’efficacité à tous les niveaux, respecter les mémoires historiques, et les logiques économiques induits par la globalisation des échanges.

2- Une donnée de l’observation

A l’échelle de la planète concurrentielle, les espaces les plus prospères ou du moins parmi les plus prospères sont en fait des petites économies ouvertes sur les réseaux internationaux. Par ex. le Danemark, la Flandre Belge, les Pays Bas, le Triveneto italien, Singapour, Taiwan, la Bavière, le Bad Wurtemberg.
Au National Bureau of Economic Research (NBER ,USA), il existe des travaux originaux sur cette question. Dans notre esprit, l’organisation territoriale souhaitable serait celle qui favoriserait l’émergence en France des petites économies compétitives au niveau de nos territoires. Ces territoires seraient des sujets actifs et non plus des espaces passifs entretenus via des revenus de transferts. Il serait souhaitable que l’organisation interne des territoires actifs soit aussi variée que possible suivant les cas afin de valoriser toutes les spécificités de chaque territoire. On s’éloignerait radicalement de la standardisation Jacobine, réductrice des dynamismes locaux.

3- Préparons l’ère post départementale de 1790

– qui devrait être marquée par une coexistence des villes métropoles ou intermédiaires avec de futures Fédérations ou Union de Communes, ou plutôt d’Intercommunalités, rassemblant les territoires à dominante plutôt rurale. Dans cette vision, les Bretons devraient s’inspirer de l’expérience des Suisses dans la gestion de leur territoire où aucune portion du territoire n’est abandonnée. Les espaces vides risquent de devenir des ilots hors la loi. Il serait souhaitable que chaque Région puisse dorénavant modeler sa structure interne en pleine autonomie. L’ère des organisations standards doit s’achever. De ce point de vue, le projet de J.J. Urvoas de créer une Assemblée de Bretagne est une première avancée favorable à cette rénovation.

Pour réussir de telles transformations dans des délais raisonnables, il faudrait au préalable une remise en cause des pouvoirs au sommet de la pyramide.
Nous vous livrons la perception de Michel Peraldi, ancien sous-préfet, auteur de l’ouvrage « Ils ont volé la décentralisation » – Ed L’Harmattan 2013 : « Une vraie décentralisation régionale ne peut être que couplée à une réforme du Corporatisme d’Etat. Il faudrait pour cela avoir du courage de s’attaquer à ce corporatisme d’Etat et aux vraies rigidités, qui bloquent la société française. Ces rigidités qui partent de la main mise des grands Corps de l’Etat sur la République et la finance française pour descendre jusqu’à « l’abracadabrantesque ». (interview dans « Monde » du 10 Juin 2014) et (voir son site)

4- Les recompositions territoriales et la remise en cause des transferts financiers inter-territoires

–ce qui correspond aux quatre France, idée exprimée dans l’ouvrage de Laurent Davezies, La crise qui vient : La nouvelle fracture territoriale – Ed. du Seuil – Octobre 2012
Extraits de l’introduction : « La crise révèle et aggrave, et fait exploser plusieurs formes d’inégalités territoriales. Elle a véritablement fracturé le pays ». Ainsi Quatre France prennent forme sous nos yeux :

  1. La France productive, marchande, et dynamique, concentrée dans les plus grandes villes où se forgent les nouveaux atouts de la compétitivité du pays
    (36 % de la population).
    2) La France non productive, non marchande et pourtant dynamique, située à l’ouest d’une ligne Cherbourg – Nice, qui vit d’une combinaison :
    -De tourisme
    -De retraités
    -De salaires publics
    (44 % de la population)
    3) La France productive, marchande, en difficulté, composée de bassins plus industriels déprimés, principalement dans la partie nord du pays, dont le déclin semble difficile à enrayer
    (8 % de la population)
    4) La France non productive, non marchande et en difficulté, faite de territoires frappés par le déclin industriel et qui dépendent des injections de revenus sociaux.
    (12 % de la population)

Cette analyse de terrain met à jour des lignes de fracture territoriale, mais aussi elle révèle que la France est à la veille d’un nouveau choc, autrement plus brutal que les anciens … Durant les crises antérieures, les amortisseurs (transferts financiers) étaient plus forts que les chocs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’assèchement des finances publiques, les territoires sont et seront de moins en moins protégés » C’est dans ce contexte que vous devez explorer le futur du Bas Léon.

Quelques interrogations :
1) Comment étudier un projet de zone franche sur la partie occidentale de la Bretagne avec une dimension maritime ? Ce qui signifierait quel avenir industrialo-portuaire pour Brest ?
2) Comment passer d’une Communauté de Communes axée sur le Cadre de vie à une structure plus large de développement d’activités productives, vous rapprochant de Roscoff. Le tout, piloté par des entrepreneurs politiques ?
3) Comment importer des projets technologiques innovants même de petite taille, afin que les jeunes talents bien formés puissent trouver des emplois ?
4) Vous devez être dignes de vos ancêtres, grands marchands, et redevenez un territoire productif et marchand.
Ce qui manque actuellement en Bretagne occidentale, ce sont « les nouveaux grands marchands bien insérés dans la mondialisation », ce qui entraînerait le nouveau développement productif.

Il s’agit d’identifier les potentiels, de les initier aux règles de base de la nouvelle phase de la compétition globale qui arrive …
Cet objectif sera la finalité principale du futur Institut Supérieur du Leadership entrepreneurial de Bretagne, que nous essayons de promouvoir, dans le cadre d’un partenariat international.
L’Institut et Erispoë créé en coopération et avec le soutien de Patrick Le Lay, devraient éveiller les talents insoupçonnés de nos jeunes diplômés de l’Enseignement Supérieur.

Ce texte a servi de base à une Conférence à la Communauté de Communes du Pays de l’Iroise, le 21 Mai 2014

Joseph Le Bihan

 

CategoryActualités

Le Parti Breton, pour une Bretagne émancipée, écologique, solidaire et entreprenante.

Nous suivre sur :