Nos médias analysent le chômage à l’aune du sensationnel, au mois le mois, sans toujours faire un travail de mise en perspective : + 50 000 chômeurs un mois (catastrophe),    – 60 000 un autre mois (cocorico). L’évolution du chômage ne s’analyse pas à très court terme, mais sur de longues périodes, et pas au gré des campagnes de radiation des chômeurs étourdis qui ont oublié de renvoyer leur formulaire.

          Et le chômage de la seule catégorie A ne rend pas compte de l’évolution du marché du travail : précarité, petits boulots matérialisés par l’auto – entreprise, temps partiel désiré ou subi.

          Quelques chiffres concernant la seule catégorie A, y compris l’outre – mer, pour fixer les idées toutefois :         

         Fin 2007 : 2 000 000

         Fin 2011 : 2848 000

         Fin 2012 : 3 181 000

          Fin 2013 : 3 311 000

          Fin 2015 : 3591 000

         Depuis le premier janvier 2016, 51 000 chômeurs ont disparu des statistiques.

          Il faut préciser que la hausse de ces chiffres a été modérée, dans un premier temps, par des embauches massives de fonctionnaires ( plus d’un million de plus depuis 2002, gouvernements de droite et de gauche confondus) et par 500 000 emplois-jeunes, à la machine à café du conseil général.

          Précisons bien «  dans un premier temps », car l’embauche massive de fonctionnaires supplémentaires quand on n’en a pas besoin, simplement pour caser ses amis (la question ne porte pas sur les fonctionnaires utiles) finit toujours par se retrouver à la charge du secteur productif en compétition, puisque c’est le seul qui contribue à la richesse nationale.

          Le résultat, c’est que la France a perdu 25% de son industrie en moins de 10 ans, les entreprises ne pouvant à la fois être compétitives et financer les gaspillages de l’Etat.

En France, la préférence pour le chômage vient de l’Etat, qui absorbe les marges que les entreprises devraient consacrer à l’investissement. Les entrepreneurs n’ont pas d’autres choix que de partir, de végéter ou de mourir. Sous les huées idéologiques de tous ceux qui n’ont pas à se battre chaque jour  pour garder leur emploi.

          Pourtant la conjoncture n’a jamais été aussi favorable : la BCE distribue massivement de l’ « easy money », tellement que les banques ne parviennent pas à l’utiliser, tellement que l’on voit apparaître des taux d’emprunt négatifs au profit des états : la France ne se fait pas faute d’y puiser, ce qui la dispense provisoirement de se réformer. Le cours de l’euro face au dollar n’a jamais été aussi favorable aux exportations depuis 10 ans. Enfin, l’effondrement du cours du pétrole est une aubaine qui redonne quelques couleurs à une économie asphyxiée. Eh bien, malgré cela, la France, qui devrait repartir vers une belle croissance, frémit à peine, contrairement à ses voisins. Le chômage baisse un mois mais remonte le mois suivant. Si la France, qui doit nourrir un Etat obèse, ne peut rebondir quand la conjoncture est très favorable, comment va-t-elle se comporter à la fin de ce cycle de croissance ?

          Il y a aussi  les « réformes »  des mesures supposées réprimer ou prévenir les abus dans les entreprises – et il y en a aussi – mais souvent mises en place par des gens qui, à l’abri de l’Etat, se sont habilement soustraits au monde du travail et ne sont pas concernés par celui  de l’entreprise.

          Ainsi, les « seuils sociaux » : en passant de 49 à 50 salariés, un entrepreneur en compétition internationale voit ses coûts augmenter de 11%. Mais ces rigidités ne seront jamais réformées, car l’Etat est verrouillé par ceux qui précisément n’ont jamais connu le risque et le travail en entreprise. Aucun entrepreneur, aucun salarié du privé à l’assemblée nationale. Il n’y a aucun espoir d’évolution de l’Etat, qui entraînera à terme chacun dans sa chute.

          En France, on ne sait pas que le monde est ouvert. On ne sait pas que les dépenses publiques inutiles créent du chômage. On ne sait pas que moins on produit, moins il y a de richesses à distribuer, et on produit moins 32 heures par semaine que 35, moins 35 que 37. En France, on s’ingénie à faire partir à l’étranger les capitaux et travailleurs, parce que quelqu’un qui a réussi est forcément mauvais et quelqu’un qui travaille n’a pas su se planquer. Pourtant, pour créer des entreprises, donc de la richesse à capter et à taxer,  il faut des idées, des travailleurs, des entrepreneurs, des capitaux. La France a fait s’exiler créateurs, travailleurs et capitaux et en manque cruellement aujourd’hui. Et l’on voit qu’elle ne peut plus rebondir quand la conjoncture redémarre.

        La Bretagne subit le poids de la France, qu’elle doit nourrir, mais sa culture est différente. Le travail y est une valeur, pas une damnation, le sous – travail n’y est pas l’objectif absolu et plusieurs régions – le Vannetais, le Vitréen – sont des terres d’entrepreneurs tandis que d’autres – le Trégor par exemple – subissent le contrecoup de la crise agricole et alimentaire. L’un dans l’autre, le taux de chômage en Bretagne est fréquemment un point au – dessous du taux moyen français, mais il faudrait en faire une analyse fine par ville et par secteur d’un côté et de l’autre de la frontière pour pouvoir en tirer des conclusions.

          Malgré tout, on sent bien en Bretagne un appétit pour le travail et la création de richesse qui ne demanderait qu’à se libérer si un Etat breton le permettait. Et de l’autre côté un Etat français qui ne se réformera jamais car il est d’abord un fromage pour ceux qui se le sont approprié et prétendent parler au nom du peuple. Avec une compréhension idéologique des mécanismes économiques qui fait honte au reste de l’Europe.

          Entre France et Bretagne, il y a d’abord une différence de culture face à la notion de travail. Libérons – nous de l’Etat français si nous voulons libérer l’énergie et sortir du chômage «  à la française ».

Pour le Parti Breton

Romain Bily

Porte Parole du Parti Breton

Daniel Cariou

Fédération du pays de Nantes

CategoryEconomie

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