Liam Fauchard, poète et scientifique, fondateur du groupe FuturOuest, nous éclaire sur une notion qui parait pourtant acquise : l’aspect renouvelable des énergies vertes.

Le contexte sémantique dans lequel nous vivons est souvent surprenant. Il en va ainsi des « énergies renouvelables » qui ont envahi l’univers médiatique depuis plusieurs années. Ces mots sont répétés à l’envie comme s’il s’agissait d’un sésame magique censé résoudre la question de l’énergie future dont une société moderne a absolument besoin pour assurer sa prospérité. Tout lycéen et tout étudiant sait qu’en physique, une énergie « renouvelable », ça n’existe pas ; une fois utilisée, celle-ci est transformée en effet calorique, mécanique, etc., et ne peut plus être réemployée.

Ce qui se cache sous ce vocable est lié à la « transition énergétique » dont il y a quasiment autant d’interprétation que de locuteurs, selon que nous avons affaire à des scientifiques rigoureux, des politiques flairant le sens du vent, des idéologues de circonstance.

Dans un récent rapport, la Cour des Comptes nous apporte des informations fort utiles pour remettre les pendules à l’heure. Entre 2005 et 2011, les Collectivités Territoriales ont déboursé 14,5 milliards d’euros pour favoriser l’installation d’éoliennes, panneaux photovoltaïques, quelques fois de la géothermie… A ce chiffre s’ajoute 5,5 milliards d’euros dépensés par RTE/EDF pour adapter le réseau aux approvisionnements d’électricité générés par ces techniques d’appoint. La Cour nous apprend que sur la période considérée, cela a conduit à la création en solde de 24 500 emplois, sans préciser s’ils seront pérennes ou pas, soit 815 000 Euro par emploi généré.

Autant il est judicieux de préparer le long terme énergétique en tablant sur des productions d’électricité non-carbonées, comme l’énergie nucléaire ou l’éolien off-shore producteur d’hydrogène en quantité massive, voire l’hydrolien… autant il est déraisonnable de se contenter d’incantations. Le discours convenu sur les « compteurs intelligents » est complètement hors sujet. Pour une installation d’un coût minimal de 200 euros, le gain réel estimé est de 10 €/an pour le consommateur qui supportera seul la charge financière d’installation. L’effort devrait certes porter sur la rénovation du parc de logement pour qu’il soit moins gourmand, mais là encore, cela prendra du temps puisque l’estimation basse pour les 26 millions de logements en France est de 800 milliards d’euros… et le rythme de renouvellement actuel est de l’ordre de 1% par an. Par ailleurs, le rapport 2012 de l’ENSTOE (European Network of Transmission System Operators for Electricity) évalue la seule modernisation du réseau européen à 104 milliards d’euros sur dix ans, essentiellement pour permettre l’intégration des énergies dites renouvelables. [1]

Quant à la totalité des « technologies vertes », leur déploiement a été évalué en 2011 à 591 G€, sans garantie de rentabilité, et qu’il faudrait 2300 milliards d’euros pour leur déploiement complet dans l’ensemble de l’Union Européenne, le tout sur une période de dix années. Pour donner un ordre de grandeur, dans les sept années 2014-2020, l’Union Européenne consacrera 80 milliards d’euros à la politique de recherche ; les 2891 milliards d’euros présentés supra représentent donc 253 années de budget de la recherche européenne. [2]

J’ai présidé Carrefour des Entrepreneurs du Morbihan de 2006 à 2012 ; je peux donc témoigner de ce que nous aurions fait avec la manne signalée par la Cour des Comptes de la République française. En effet, avec ce pactole de 20 milliards d’euros, nous aurions pu accompagner la création de 14 millions d’emplois, avec une pérennité à cinq ans de l’ordre de 75% ! Il s’agit certes d’un calcul théorique qui n’a pas de portée pratique en soi, mais qui permet de montrer quels sont les ordres de grandeur en jeu et de réfléchir à la pertinence de l’allocation de ressources pour créer de nouvelles activités créatrices de richesses… et d’emplois !

[1] = Henri SAFA, Quelle transition énergétique ?, EDP 2013.
[2] = Samuele FURFARI, L’écologie au pays des merveilles, Bourin 2012.

Crédit Photo : Charles Cook

 

 

 

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