« Piou zo ar mestr ba’n ty ? ». Qui est le maître dans la maison ? Samedi, les Bretons ont implicitement répondu à la question qui est en fait une affirmation sans concession. Un Breton ne se commande pas.
Qu’on ne s’y méprenne. Le rassemblemen
t de Quimper était aussi – d’abord – un rejet de l’État jacobin. Autrement dit, le rejet d’un pouvoir central bureaucratique qui « dicte aux Bretons comment et quoi faire ». Qui impose ses règles « de technocrate costume cravate, chaussures pointues », comme résumait un manifestant qui revendique son « noble » statut de « besogneux ». Et c’est justement parce que les portiques de l’écotaxe matérialisent une certaine forme de condescendance des « diseux » à l’égard des « faiseux » qu’ils ont été la cible des Bretons. Symbole, symbole.

 

 

Le bonnet rouge signe de ralliement

 

Visiblement, ce message véhiculé par les « résistants bretons » n’a pas été entendu ou toujours compris par tous ceux qui se croient obligés de donner un avis, de l’habiller d’une analyse. Combien de médias nationaux se sont focalisés sur la vieille rhétorique qui voudrait que l’agroalimentaire breton soit une industrie qui dégage très peu de valeur ajoutée. Il suffirait pourtant qu’ils prennent le temps de découvrir les pôles recherche et développement des entreprises régionales, de s’étonner de la panoplie de produits élaborés et sophistiqués qui sortent chaque jour des usines agroalimentaires bretonnes, pour faire preuve de plus d’humilité devant leurs commentaires navrants. Combien de responsables politiques se sont de leur côté senti obligés de ricaner d’un soi-disant mariage de la carpe et du lapin. Les organisateurs avaient déjà anticipé cette attaque prévisible en martelant que samedi, à Quimper, il n’y avait ni droite, ni gauche, ni patrons, ni salariés, mais des Bretons qui « veulent vivre, décider et travailler au pays ».
C’est cela, et uniquement cela, que signifiait le bonnet rouge : le signe de ralliement et de revendication de Bretons qui partagent un même désir. Un désir proclamé avec force quand les milliers de mains ont noué une longue chaîne humaine transpirant d’une force identitaire incroyable. Quand ces mêmes milliers de Bretons, coudes serrés sur la Place de la Résistance, ont entonné de concert « La Blanche Hermine », de Gilles Servat, hymne officieux d’une Bretagne éprise d’un idéal de liberté et de justice. Ou quand ils ont scandé « Bretagne résistance » en levant les poings au ciel.

 

« Le jour de la Bretagne »

 

« Ce jour est le jour de la Bretagne. D’une Bretagne qui entend écrire une nouvelle page », a embrayé Christian Troadec, maire de Carhaix, devant la foule qui, force d’applaudissements convaincus et d’espérance, a montré son adhésion unanime à ce projet porteur de jours meilleurs. « Nous ne demandons pas que les pouvoirs publics dégagent la route ; simplement qu’ils nous laissent faire », ont insisté de leur côté les responsables économiques.
Ce n’est pas l’infatigable Jean Hourmant, 87 ans, grand défenseur de la RN 164, qui s’élèverait contre ces propos de Bretons déterminés à ne compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. « Je n’ai aucune confiance en la parole des politiques. En témoignent les promesses successives pour achever la route de la Bretagne centrale. Cela fait 40 ans que les promesses se succèdent et ce n’est toujours pas terminé », a-t-il illustré en invitant les jeunes générations à se battre : « Soyez bagarreurs ».
Bagarreurs, mais pas casseurs. Samedi, à Quimper, les différents responsables du comité d’organisation se sont relayés à la tribune pour rappeler que le rassemblement s’inscrivait dans la dignité, le calme et le respect. « Le groupuscule d’excités qui se sont affrontés aux forces de l’ordre ne fait pas partie du mouvement », ont répété avec fermeté les organisateurs qui n’ont eu de cesse de condamner ces agissements.

 

Des Bretons très européens

 

Quelle suite aujourd’hui, maintenant que les bonnets rouges ont été suspendus aux porte-manteaux. Se tourner vers les pouvoirs publics pour demander de l’aide ? Fierté de Breton, mais surtout réalisme d’entrepreneurs confrontés quotidiennement aux comptes de résultats, l’économie régionale sait que son horizon s’éclaircit ou s’obscurcit en tournant son regard vers l’Union européenne qui dispose d’un effet levier important. « Si la Bretagne est confrontée à des difficultés pour exporter c’est à cause d’un euro surévalué » ; « Si la Bretagne licencie, c’est que l’Europe pratique le dumping social », etc. Autant de commentaires, entendus samedi à Quimper, qui s’avancent comme des ébauches de réponses pour une région qui reste malgré tout profondément européenne.
Didier Le Du



L’opinion de Jacques Jaouen, président Chambre d’agriculture de Bretagne
Libérons les initiatives
Le rassemblement de Quimper a été une belle démonstration du ras-le-bol des Bretons. Des Bretons qui n’acceptent plus le  manque de respect à leur égard. L’Ecotaxe étant la goutte d’eau qui a fait déborder une coupe déjà trop pleine.
Samedi, les Bretons ont également montré qu’ils sont encore capables de se lever ; qu’ils ont encore la gnaque. Avec cette demande expressément formulée : qu’on nous laisse nous occuper de l’économie réelle.
Nous ne demandons pas d’argent. Nous attendons des politiques et des pouvoirs publics qu’ils travaillent à libérer les initiatives et non l’inverse. Qu’ils nous fassent confiance. Qu’ils s’attèlent, comme la Belgique l’a fait, à mettre fin au dumping
social

Article de Paysans Bretons

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