Ce dimanche 4 septembre, une délégation des jeunes du Parti Breton s’est rendue au Musée de Bretagne à Rennes pour étudier l’exposition « Celtique ? ». Une exposition polémique depuis son ouverture au public en mars 2022 qui a même été qualifiée de « falsification de l’Histoire » dans la presse.
La première salle propose des panneaux et vidéos sur les clichés et les différentes définitions du mot « Celte ». Le ton de cette salle est très léger mais déjà des contradictions apparaissent. Dans une vidéo, il est dit que le breton est une langue celtique, que tout ce qui est lié aux langues celtiques est celtes. Pourtant, une question/réponse vient contredire tout cela. Tout est fait pour que le visiteur conclue que la musique bretonne n’est pas celtique.
La muséographie est ludique et attirante. Cependant, le jeu des questions en fil rouge, se voulant pour les enfants mais utilisé par tous les visiteurs, nous interpelle avec des questions très maladroites, voire déplacées.
Ici, le gaulois ne serait « pas celte ».
La deuxième salle présente les celtes continentaux de l’âge du Fer. Nous y avons vu les magnifiques statuettes retrouvées récemment à Trémuson dans les Côtes d’Armor. Cette salle pose l’idée que l’Armorique était autant celte qu’un partie de l’Europe et surtout aussi celte que le reste que la France.
La troisième salle présente deux textes : un sur la ramification des langues présentant le breton comme une langue celtique et un sur la migration britonne entre le IIIe et le VIe siècle.
Rien n’est expliqué concernant les causes de ce phénomène. Une carte des mouvements de population dans l’Europe de l’ouest était nécessaire pour contextualiser ces migrations. Rien non plus sur la toponymie bretonne, donc celtique, pourtant existante encore aujourd’hui et qui marque dans notre quotidien l’importance des ces migrations depuis la Bretagne insulaire. La salle est clairement sous-proportionnée par rapport au reste de l’exposition.
Elle devrait être au contraire, le point central du questionnement. En effet, si la population bretonne est la fusion de celtes continentaux (gaulois) et de celtes insulaires (Britons), toute son histoire, sa culture et toute autre production au fil du temps est celtique.
Pourtant, l’exposition prend, à partir de ce point, une autre orientation. On arrive très vite à la dernière salle, très longue avec beaucoup de matière, qui cherche à convaincre le visiteur que le caractère celtique de la Bretagne n’est qu’une construction dans un but politique de se différencier, un but politique qui mènera au nazisme.
La salle débute donc avec une longue vitrine sur la collaboration d’une partie du mouvement breton et l’utilisation du triskell en brassard à la place de la croix gammée. Le malaise est perceptible, même pour un visiteur averti. Cette salle fournie se termine par une vidéo qui martèle à nouveau l’idée : Le celtisme breton a servit à la construction d’une identité régionale dans le contexte de montée du nationalisme. La vidéo en profite pour lier dans la même phrase « projet autonomiste » et « repli xénophobe ».
A ce moment, nous nous regardons. Plus de doute. Il ne s’agit pas de maladresse mais de propagande jacobine.
Le dernier panneau est scandaleux. Nous comprenons que toute l’exposition est construite pour amener le visiteur à cette conclusion : L’identité bretonne repose sur un mythe celtique inexistant, donc l’identité bretonne est « une construction ». Voilà le véritable objectif de l’exposition.
Nous faisons un retour en arrière dans l’exposition pour regarder à nouveau certains médias tel que l’interview d’Alan Stivell. Nous avons alors une autre lecture. Les questions des interviewers sont orientées
« votre harpe, qu’est ce qui la rend plus celtique qu’une autre ? »
« Vous avez un style finalement très personnel s’appuyant sur le rock. Qu’est ce qui est une invention de votre part et qu’est ce qui tient réellement du celtisme ? »
Nous comprenons le cri d’alarme du chanteur. Une simple réécriture de certains panneaux n’est pas suffisant. C’est la construction globale de l’exposition, le traitement des informations, l’intention de certaines questions et les proportions des salles qui sont à revoir. Sans parler des contenus manquant et des éléments de contextualisation historique à ajouter.
A la sortie de l’exposition, c’est un sentiment amer et révoltant qui nous traverse.
Musée de Bretagne, vous avez dit ?