A mi-chemin de la mise en oeuvre du programmes « investissements d’avenir » par l’Etat français, le Parti Breton exprime sa préoccupation sur l’avenir de la recherche bretonne.
« Investissements d’avenir », voilà l’euphémisme inventé par l’administration française pour désigner l’affectation des ressources tirées du fameux Grand Emprunt lancé par Nicolas Sarkozy. Sur les 35 milliards d’euros empruntés, 22 doivent être réservés à l’enseignement supérieur et la recherche.
Au-delà de l’utilisation de l’emprunt, critiquable dans un contexte d’incertitude persistante sur le financement des Etats, c’est surtout la méthode employée qui inquiète le Parti Breton. En effet, les fonds sont attribués aux bénéficiaires (universités pour la plupart) suite à divers appels à projets (« laboratoires d’excellence », « opération Campus »…) et à un examen des dossiers par un jury international censé garantir une neutralité scientifique.
En réalité, on assiste aussi sans grande surprise à une très forte concentration des fonds sur quelques grands sites, à Paris, Lyon, Strasbourg ou Bordeaux. 1 milliard d’euros est attribué d’office au plateau de Saclay, et un autre milliard à la recherche dans le nucléaire. Comme on le voit, les investissements d’avenir ne servent qu’à conforter la politique de grandeur dont la France ne s’est jamais départi. A côté de cela, les 14 millions d’euros consacrés par le Conseil régional de Bretagne administrative en 2011 ne font guère le poids.
Certes, la Bretagne ne s’en tire pas si mal, avec plusieurs projets rennais, nantais ou brestois élus, dans les domaines des TIC, de la santé, ou de la biologie marine essentiellement. Mais il ne s’agit là que d’une partie de la très riche recherche bretonne. En outre, le choix d’un appel à projets encourage une vision de court-thème, très ciblée et favorisant la création de partenariats artificiels et peu pérennes, au détriment des collaborations déjà existantes, souvent au niveau international. La séparation entre les établissements de Bretagne administrative, réunis dans l’Université Européenne de Bretagne, et ceux de Loire-Atlantique, réunis au forceps avec ceux du Mans et d’Angers au mépris de la tendance naturelle à un rapprochement Nantes-Rennes, nous a très certainement été préjudiciable.
Mais la recherche bretonne, ce n’est pas seulement quelques thématiques censées faire briller l’image de la France, c’est aussi un maillage territorial avec des établissements de taille diverse, ce qui favorise les relations avec les entreprises locales, c’est une diversité de spécialités inscrivant en complémentarité les sciences humaines et les sciences « dures »… Tout ceci est malheureusement sacrifié par la politique actuelle de recherche menée par le gouvernement français, qui vise à imposer aux territoires une spécialisation de manière technocratique, en l’absence de tout débat, ce qui est une habitude en France.
Le Parti Breton appelle de ses voeux la naissance d’une vraie politique bretonne cohérente en matière de recherche, une véritable stratégie pleinement complémentaire de la politique européenne de recherche (programme-cadre de recherche et développement) et de la politique de cohésion.
pour le Parti Breton,
le président,
Yves Pelle