Les chiffres du chômage de janvier 2012 viennent de paraître. Ils sont spécialement élevés, aussi parce que c’est le mois où l’on met à jour toutes les variations saisonnières. Ceux de décembre étaient faibles, bien que négatifs, à la suite d’une campagne de radiation des chômeurs qui avaient omis de se présenter à des convocations de Pôle Emploi.

C’est pourquoi il est politiquement imprudent des les analyser au mois le mois. Mieux vaut prendre pour base, au minimum, le trimestre. Il a été question du record de chômage de 1997 que l’on frôlerait.

 

En réalité le record est largement dépassé, tout simplement parce que le mode de calcul a été modifié plusieurs fois depuis 15 ans. Aussi le nombre de 3 169 300 chômeurs en catégorie A (sans aucun travail, même partiel) est-il largement sous – évalué, dans des proportions effrayantes car on peut estimer à 4 000000 personnes le nombre de chômeurs supplémentaires non – inscrits.

Ces personnes appartiennent surtout à deux catégories: des jeunes qui n’ont jamais travaillé, et des seniors de plus de 39 ans (!!!) enfin de droits qui ne perdent plus leurs temps à pointer à Pôle emploi. C’est pourquoi ces statistiques ne sont pas comparables à celles des autres pays européens, qui n’ont pas autant de chômeurs cachés.

En France, la croissance trimestrielle du nombre de chômeurs inscrits en catégorie A est en 2012
I:49 700, II : 57 500, III : 100 200, IV: 75 400, Janvier 2013: 43900.

On peut rappeler que la légère croissance démographique de la France alimente le chômage, mais que les plans sociaux que le gouvernement met en avant ne représentent que 2,6% des entrées au chômage. L’essentiel vient du découragement et des anticipations négatives des chefs d’entreprise: en temps normal, la France détruit et recrée chaque jour 10 000 emplois. Devant les menaces du gouvernement, les entreprises renoncent à créer ces nouveaux emplois ou vont les créer à l’étranger et c’est là l’essentiel de la hausse des chiffres. Le solde des emplois  » marchands  » continue d’être négatif.

Le gouvernement cherche à remplacer les chômeurs par de nouveaux fonctionnaires, discrètement dans les collectivités, et à l’hôpital qui n’est pas comptabilisé dans la fonction publique d’Etat, ou dans des  » emplois d’avenir  » dans le secteur public mais, outre que cette technique, par le poids qu’elle induit sur le secteur marchand, crée à terme ( mais ce ne sont plus les mêmes hommes politiques qui en paient le prix ) 1,2 chômeur par emploi  » d’avenir « , les conditions d’admission sont telles que 4000 emplois d’avenir seulement ont pu être pourvus pour l’instant. La France remplace ainsi des emplois productifs par des  » emplois d’avenir  » dont on n’a pas besoin: cela renvoie à la vieille croyance française, toujours pas morte, de 1848, les ateliers nationaux, où l’on pensait acheter la paix sociale en employant les chômeurs à dépaver puis repaver les rues, plutôt que de permettre l’activité productive.

Mais le gouvernement tient son contrat tacite avec les syndicats: la rigueur ne doit peser que sur le secteur privé et marchand, employeurs,  salariés et surtout retraités,  quitte à ce que la croissance devienne négative, ce qui est déjà le cas. Une danse de la pluie de JM Ayrault devrait normalement faire revenir la croissance en 2014, malgré le départ de nombreux entrepreneurs et l’envoi de signaux agressifs aux investisseurs étrangers. Ne pas oublier que peu de chômeurs se déplacent pour voter, en regard des autres catégories sociales plus revendicatrices. Ne pas oublier non plus que l’indemnisation des chômeurs n’est pas à la charge de l’Etat, mais du monde du travail par le biais de cotisations qui ne sont qu’un système mutualiste. Toutefois, ce système s’endette rapidement. Enfin, on peut dire qu’au lieu de faire peser et de répartir la rigueur sur toute la société, la France procède et a toujours procédé par exclusion: plutôt que de toucher à ceux qui sont dans le système, le système s’ajuste par des exclusions à la marge, c’est -à dire l’exclusion sociale par le chômage. Ceux qui sont au pouvoir sont en effet les représentants de ceux qui ne craignent pas le chômage. C’est pourquoi nous, Bretons, pouvons dire que ce sont l’Etat français et  sa sphère qui nous menacent et menacent l’avenir de nos enfants puisque, dans le système français, c’est la Nation qui doit être au service de l’Etat et non l’Etat au service de la Nation. Et donc selon la France c’est le peuple breton qui doit être au service de l’Etat français. Et l’Etat ne résoudra pas le problème car l’Etat, c’est le problème.

Daniel Cariou

CategoryActualités

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