Pour une agriculture bretonne rénovée et diversifié

La Bretagne en Europe.La Bretagne a la chance de conserver encore une part importante d’exploitations familiales. Mondialisée, l’agriculture industrielle bretonne est largement tributaire de la concurrence internationale et de l’OMC (organisation mondiale du commerce). A terme, l’aide aux exportations deviendra incompatible avec les accords internationaux. Le maintien de la filière lait est directement lié à la Politique agricole commune européenne (PAC). Le soutien financier de la PAC est garanti jusqu’en 2013. L’agriculture bretonne doit donc construire sa spécificité par rapport aux consommateurs bretons et mieux s’adapter au marché français et européen.

Jusqu’à présent, les subventions ont été basées sur la production et le nombre d’hectares. La PAC a donc favorisé la concentration des outils de production au dépend de l’emploi. Entre 1991 et 2005, le revenu moyen des agriculteurs a stagné et la moitié des fermes ont disparu. 20 % des agriculteurs reçoivent 73% des aides directes pour 59 % des superficies et seulement 25 % des emplois. Il est nécessaire aujourd’hui de réintroduire comme critères de soutien public aux agriculteurs, le nombre d’emplois par exploitation et la qualité agronomique des exploitations.

La part des subventions au maintien des prix doit progressivement être intégrée dans le prix de vente des produits agricoles. De même, l’externalisation du coût des nuisances environnementales n’est pas économiquement soutenable. Une augmentation raisonnable des produits agricoles ne serait pas d’une grande conséquence par rapport au budget global d’un ménage. La clé d’une économie saine s’appuie sur le juste prix payé par le consommateur plutôt que par l’impôt du contribuable. Le juste prix passe aussi par un accord avec la grande distribution.

La reconquête de la qualité de l’eau dépend des orientations agricoles. Cela nécessite un soutien particulier à l’élevage en plein champ et à la filière lait, en privilégiant l’herbe à la culture du maïs. L’attractivité touristique et la qualité de vie sont directement liées à la diversité des paysages. Le tourisme à la ferme et la filière bois pour l’entretien des haies bocagères sont deux composantes économiques àdévelopper. Ceci est particulièrement vrai pour le Centre Bretagne.

L’agriculture bretonne se caractérise par une part importante de hors-sol et les industries agroalimentaires (IAA). Les emplois créés par le hors-sol et les IAA n’ont pas compensé la perte des emplois de l’agriculture traditionnelle. La concentration des ateliers de porcs, par exemple, fait qu’aujourd’hui, on estime qu’un éleveur sur quatre est encore propriétaire de son outil de travail. Les emplois des IAA sont peu qualifiés et sont désormais précaires. Les IAA ne génèrent pas de plus value importante : elles n’ont pas permis de produire un capitalisme financier capable de réinvestir dans d’autres activités en Bretagne. Au contraire, certains industriels ont même plutôt cherché à délocaliser leur production à l’étranger, des productions de volaille au Brésil par exemple. Une partie de la matière première des IAA n’est plus produite en Bretagne mais provient justement de l’importation. Les nouveaux pays européens de l’Est, comme la Pologne, sont aussi sur les rangs pour concurrencer directement la production bretonne.

Les IAA doivent innover et faire autre chose que des produits basiques de consommation. Valoriser la matière première pour en faire des produits de consommation de qualité, en particulier pour l’élaboration de plats cuisinés. Garantir aux consommateurs le confort des animaux, la transparence de la transformation, la traçabilité du processus de production. Sont concernées les industries de la viande, de la charcuterie, mais aussi la biscuiterie et la transformation du poisson. Les premiers marchés à l’exportation sont bien sûr les pays européens. La production doit être ajustée aux besoins de la consommation. Un accord européen doit intervenir pour éviter la surproduction.

Il est urgent de relocaliser les décisions et les pouvoirs économiques en Bretagne, afin que les Bretons puissent eux-mêmes prendre en main leur avenir économique.

— Dominig Yvon, Entrepreneur, membre des Bonnets Rouges et du Parti Breton

Les Propositions du Parti Breton.

Le Parti Breton souhaite réorganiser l’agriculture bretonne sur quatre axes principaux : la diversification de la production, la bonne intégration au territoire breton, l’élaboration de produits à forte valeur ajoutée, et l’exportation de produits de qualité.

Circuits courts d’alimentation :

Le Parti Breton propose de développer des filières de circuit court de distribution des produits agricoles, s’appuyant sur la proximité des centres urbains. C’est particulièrement vrai pour les grandes agglomérations de Rennes et de Nantes et pour le Littoral breton. Il devient nécessaire de maîtriser l’urbanisation pour conserver des terres aux agriculteurs, et réciproquement bien intégrer dans l’environnement les activités agricoles. Dans ces espaces périurbains, les activités maraîchères, laitières, horticoles et biologiques sont à privilégier.

Multifonctionnalité et économie rurale :

Le tourisme à la ferme et la filière bois pour l’entretien des haies bocagères sont deux composantes économiques à développer. Ceci est particulièrement vrai pour le Centre Bretagne. Favoriser et rémunérer la multifonctionnalité, ainsi l’agriculture prend en charge des services diversifiés et ’intègre dans l’économie rurale, et s’inscrit aussi dans une démarche de reconstruction des services publics en milieu rural.

Des justes prix plutôt que des subventions :

C’est par une juste rémunération des activités agricoles que les agriculteurs retrouveront toute leur place dans la société bretonne. Le Parti Breton se positionne, au niveau européen, pour l’intégrationdes coûts de l’environnement dans le prix de revient de production, notamment hors-sol, et pour la rémunération des services environnementaux rendus comme l’entretien du paysage.

Les nouvelles technologies :

Le Parti Breton soutient les nouvelles technologies. Il convient toutefois d’être éthiquement prudent…Les innovations ne doivent être ni irréversibles pour le milieu, ni préjudiciables à la santé et à l’environnement. Dans le domaine de la recherche des produits de la mer, comme les algues ou pour les nouvelles énergies, les agrocarburants..

Augmenter la plus-value des IAA par la qualité :

Pour le Parti Breton, les IAA constituent un capital humain et un savoir-faire. Il s’agit d’un acquis pour la Bretagne, qu’il convient de maintenir, de valoriser et de rénover. Une production de masse et de qualité est tout à fait compatible avec le développement par ailleurs de produits différenciés par desLabels ou des Appellations d’origine contrôlée (AOC). Le Parti Breton oriente sa réflexion moins sur la quantité que sur la qualité des produits agricoles.

Contrat Territorial d’Exploitation :

Le Parti Breton propose un soutien public fort aux agriculteurs qui s’orientent vers un modèle non productiviste sur le principe de l’éco-conditionnalité. Le territoire apparaît désormais comme un élément primordial du marché. Il permet la différenciation des produits et la reconnaissance sociale de l’agriculture. Le bon outil peut être, sur une base simplifiée et rénovée, le Contrat Territorial d’Exploitation (CTE), au niveau des pays ou d’un petit bassin-versant. Le maintien de l’agriculture paysanne est un enjeu humain essentiel en Bretagne. Il est donc nécessaire de fixer une limite à la taille des exploitations. Le prix des exploitations devient pour beaucoup de jeunes un frein pour s’installer dans le cadre d’unités familiales.

Organisation de l’agriculture et action internationale :

Le Parti Breton propose l’intégration des centres de recherches de l’INRA et des DDA dans un Ministère Breton de l’Agriculture. L’instauration d’un Service de prospective et d’aide à la diversification et à l’exportation des produits agricoles bretons. L’accès direct de la Bretagne aux discussions pour la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) au niveau européen.